À quoi ressemblera le SEO dans 5 ans ?

Les métiers du web évoluent à un tel rythme qu’il est parfois difficile de sortir la tête de l’eau. Le SEO, bousculé par le GEO, l’AEO, le « Search Everywhere » et autres mots-valises, se situe au cœur de ces bouleversements. Pour prendre un peu de recul, BDM a demandé à 5 experts du SEO d’imaginer le futur de la discipline à moyen terme. Alors, à quoi ressemblera le SEO dans 5 ans ? Réponse avec Nicolas Audemar, Mikaël Priol, Olivier Duffez, Vincent Terrasi et Sylvain Peyronnet. 

Pour Nicolas Audemar, le SEO de demain ne se jouera plus sur la première position, mais sur la visibilité globale dans un écosystème éclaté. « On pourra toujours faire en sorte que notre résultat soit le plus visible possible. Pas forcément le plus haut possible, mais le plus visible, et c’est une distinction importante », souligne-t-il. Avec l’émergence des AI Overviews, une part de la visibilité s’échappe déjà des premiers résultats traditionnels.

Les moteurs de recherche, selon lui, chercheront avant tout à retenir l’utilisateur sur leurs plateformes, au risque de redéfinir leur modèle économique. « Je pense que Google, à un moment, ajoutera un bouton ‘Acheter’. Il a déjà la carte bancaire de l’utilisateur. » Dans ce futur, le SEO traditionnel laisserait place à une approche davantage tournée vers le branding, avec la nécessité de créer une forte image de marque.

Enfin, l’expert entrevoit un web plus restreint, épuré par la disparition de nombreux acteurs dépendants de la publicité : « Le web sera plus vide, avec beaucoup moins d’acteurs, et le travail du SEO se concentrera alors sur le branding en ligne. » Une transformation qui pourrait avoir des effets positifs en termes de contenu. « Ce sera peut-être un bon nettoyage : il ne restera que les sources fiables. Du moins, je l’espère. »

 

Pour Mikaël Priol, le refrain est bien connu : « Comme chaque année, on continuera à nous dire que le SEO est mort », sourit-il. « En réalité, ce sera juste une adaptation : de nouveaux process, de nouveaux outils, qui vont nous aider à mieux y voir », ajoute le fondateur de netlinking.fr.

L’expert anticipe une évolution plus qu’une rupture. Le triptyque « du bon contenu, de bons liens, de bons mots clés », restera une base essentielle, même dans un environnement où les moteurs de recherche traditionnels se transforment. Mais le SEO s’enrichira d’une dimension de marque plus affirmée. « Les mentions de marques seront notamment importantes. Il faudra être en mesure de faire parler de sa marque, pas juste avec des liens, mais en travaillant son branding et son identité. »

De son côté, Olivier Duffez imagine un changement profond du métier de référenceur : « Le SEO dans cinq ans ? Je pense que ce sera un peu un rôle de chef d’orchestre. Pas forcément entre des personnes, mais surtout entre les outils. » Dans un environnement où les IA et agents autonomes joueront un rôle central, l’enjeu sera, selon lui, « d’avoir l’intelligence de savoir les combiner ».

Comme ses confrères, le fondateur de WebRankInfo imagine un rapprochement du secteur avec la discipline du marketing. « On aura besoin d’être un peu plus ‘marketeux’ que ‘techos’ », résume-t-il. Quant à la recherche, elle deviendra « multimodale, voire oralisée ».

Pour autant, Olivier Duffez estime que les fondamentaux du référencement n’évolueront que lentement, malgré les innovations. « Les méthodes actuelles resteront importantes, mais elles seront plus faciles à accomplir. Elles deviendront presque des banalités. »

 

Depuis plusieurs années, Vincent Terrasi s’intéresse à la thématique de l’agentic SEO, qu’il considère comme une « transformation structurelle ». Sans surprise, le spécialiste imagine le SEO de demain non plus comme un ensemble de techniques figées, mais comme un système vivant. « Le SEO deviendra un système adaptatif en temps réel, alimenté par des agents spécialisés », résume-t-il.

Ces agents, autonomes et interconnectés, permettront de produire et d’ajuster en continu des contenus « dynamiques, polymorphes et enrichis ». Leur coordination se fera au sein d’orchestrations multi-agents, supervisées par l’humain, dont le rôle restera stratégique.

Le cofondateur de Draft & Goal anticipe ainsi un basculement du référencement vers un modèle d’interactions distribuées : les moteurs de recherche ne seront plus le seul canal de visibilité. « Les stratégies prendront en compte non seulement Google, mais tous les agents d’IA comme canaux de distribution. »

Cette évolution s’accompagnera de nouveaux indicateurs de performance. Les KPI classiques, actuellement centrés sur les positions dans les SERP, laisseront place à des mesures plus globales, « intégrant l’impact sur les réponses IA, les citations dans les chatbots ».

 

Sylvain Peyronnet distingue deux réalités : le métier de SEO et la discipline elle-même. Et selon lui, ces deux dimensions n’évolueront pas de la même façon.

« Au vu des outils capables d’analyser la data aussi bien que nous, voire mieux, et d’écrire du code, la partie du métier qui consiste aujourd’hui à faire des audits, des préconisations techniques, etc. va être fortement assistée par des IA », estime-t-il.

Les profils expérimentés y verront, selon lui, un formidable levier de productivité : « Ceux qui avaient des équipes deviendront en quelque sorte les managers de leurs outils. » Pour les débutants, en revanche, la transition pourrait être plus brutale : « Ils risquent de devenir une sorte d’ouvriers de ces outils, avec une connaissance pratique de la production et des livrables, mais sans accéder à une vraie expertise. Ils n’auront peut-être jamais vraiment l’occasion d’apprendre la technique », regrette-t-il.

Côté discipline, le cofondateur de Babbar reconnaît qu’il est encore tôt pour mesurer l’impact des AI Overviews. Leur influence dépendra avant tout de la manière dont les utilisateurs s’en empareront. Mais il anticipe « une mutation profonde des canaux de distribution de l’information » et « de nouvelles méthodologies de visibilité ». S’agissant du transactionnel, en revanche, Sylvain Peyronnet suppose que les leviers « devraient rester assez similaires à ceux d’aujourd’hui ».

Ces échanges ont été recueillis à l’occasion du SEO Summit, qui s’est tenu le mardi 14 octobre 2025 au Parc des Princes.